MAURICE ROCHER
L'assemblée des visages matières
exposition du 26 mai au 7 juin 2025
La lecture du « journal » de Maurice Rocher confirme son souhait de rassembler un jour « ces petits visages matières ». La Galerie du tableau est heureuse d’honorer sa volonté en vous présentant pour une première mondiale quatre-vingt-dix de ces portraits débordant d’humanité.
Hypocrites fuyez ! La peinture de Maurice Rocher n’est pas pour vous, elle vous démasquera. Elle vous brulera de trop de vérité. Qui est capable aujourd’hui de comprendre la quête de cet artiste ? Qui assume de faire face à la puissance d’évocation expressionniste des désirs, du courage de la révolte, des angoisses du doute, de la souffrance, de la compassion, de la chair, de l’imagination, des peurs et des joies ? Ce n’est pas un exercice facile, cela ne l’a pas été pour lui. Son rejet des conventions bourgeoises et des compromissions l’a tenu écarté des circuits d’argent. Il a payé le prix de sa libération, au final de sa liberté.
Son journal témoigne d’une émouvante lucidité qui éclaire sa peinture. Peinture et écriture qui se lient dans le quotidien de leur pratique persévérante malgré les difficultés, quand bien-même il se dit le 27 décembre 1982 : « Dépassé et comme obsédé par ces petits « visages-matières » que je peins chaque jour après les toiles, et qui deviennent comme magiques dans leur mystère, leurs turgescences et leur écrasement. Ecrasé moi-même par leur nombre comme s’ils dégageaient un maléfice. Et je crois pressentir leur importance, comme un accomplissement (peut-être une fin) de tous ces visages depuis toujours. »
Par sa volonté d’absolu, à la fois d’accepter et de transcender la matière, Maurice Rocher nous offre une quête faite d’aller-retour constituant : « (…) Ce pouvoir aussi de partager au plus profond de la douleur et l’angoisse des hommes en m’identifiant totalement à eux », une peinture qui nous montre le chemin de l’empathie.
Que d’émotions devant cette assemblée d’êtres-peintures qui nous entrainent dans leur ronde vers un ailleurs, celui d’une œuvre qui joue avec le temps, une peinture qui s’imprègne d’amour et d’interrogation : l’humain devant sa destinée.
Jérémy Chabaud, mai 2025
